Moule perlière : espèce en danger

Présentation de la Moule perlière

Ce programme Life+ Nature vise la préservation de la première population française connue à ce jour Moule Perlière, Margaritifera margaritifera, et sont poisson hôte la Truite fario.

La Moule Perlière est une espèce classée par l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN, 2011) comme en danger critique d’extinction dans la nature. Ses effectifs auraient diminué sur le continent Européen de plus de 95%. L'espèce est citée dans les annexes II et V de la Directive Habitats (92/43/CEE). 

La protection de cette espèce est un enjeu prioritaire au niveau national et européen. En France, la population aurait régressé de plus de 99%, et il ne subsisterait plus que 100 000 individus.


Photographie d'une Moule perlière Margaritifera margaritifera dans la Dronne (Charlie Pichon, PNRPL)
 Moule perlière Margaritifera margaritifera dans la Dronne (©Charlie Pichon, PNRPL)

Écologie de l'espèce

Le cycle de vie de la Moule perlière peut être divisé en 3 phases :

  • la phase larvaire : les moules adultes expulsent en Septembre-Octobre des larves appelées glochidies (0.05mm). Ces dernières se fixent sur les branchies de jeunes salmonidés Truites Fario (Salmo trutta fario) et Saumon Atlantique (Salmo Salar). Sur la Haute Dronne, le Saumon atlantique a sans doute disparu depuis plusieurs siècles, c'est donc la Truite Fario qui sert d'unique hôte lors de la phase larvaire. D'après la littérature scientifique, une population fonctionnelle de poissons hôtes doit contenir environs 3000 individus par hectare.
  • la phase juvénile : Au bout de 7 à 9 mois entre Mai et Juin, les glochidies qui ont acquis la forme de petites moules d'environ 0.5 mm de long se détachent des branchies pour s'enfouir dans le substrat. Elles vont y rester environ 5 à 7 ans. Les jeunes moules sont alors très sensibles au colmatage des substrats par les particules fines. Ce colmatage limite l'oxygénation de la zone d'écoulement hyporhéique et l'apport de nourriture.
  • la phase adulte : Lorsque les moules atteignent entre 5 et 7 cm de long, elles se rapprochent de la surface des sédiments où elles vont rester toute leur vie. Elles filtrent alors jusqu'à 50 litres d'eau par jours.
    ©CPIEe des collines normandes, Manuela Tétrel

Taille de la population

Un inventaire réalisé pour le compte du Parc Naturel du Périgord Limousin en 2003 par Patrice Cholet (Association Patrimoine Halieutique Limousin-Périgord) à l'aide d'un bathyscope, a permis de dénombrer 15 000 Mulettes perlières sur les 25 km aval du cours principal de la Haute-Dronne classé depuis 2011 en Natura 2000 (soit la moitié du linéaire du cours principal). Ce repérage n'est pas exhaustif, des individus adultes ont pu ne pas être observés lors du passage (luminosité, turbidité de l'eau, hauteur d'eau...). Seuls les individus observés au bathyscope ont été comptabilisés.

Il n'a été fait aucune recherche dans le substrat d'individus vivants enfouis. Des observations faites sur des Truites fario montrent la présence de glochidies, preuve que la première phase de reproduction à toujours lieu.

Concernant les juvéniles, la taille de 8 cm a été prise en compte pour distinguer juvéniles et adultes. Cela ne permet pas de dire si ce sont clairement des juvéniles ou des jeunes adultes, car la vitesse de croissance varie d'une rivière à l'autre ainsi qu'au sein même de la rivière en fonction des conditions d'accès à la nourriture. 150 individus environs ont été observés entre 40 et 77 mm. Ne disposant pas d'une courbe des âges en fonction de la taille, il n'est pas possible de dire quel âge avaient ces individus.

État de conservation de la population sur le site

Bien que la Dronne abrite la première population française de Moules Perlières, avec 15 000 individus recensés en 2003 sur 25 km de rivière (soit 600 individus au km), on est loin des densités d'individus observés sur les cours d'eau européen encore préservés sur lesquels on peut observer plusieurs millions de moules au kilomètre.

L'inventaire réalisé en 2003 ne permet pas de dire si la population est stable ou en déclin. Il n’apporte pas d’informations sur le succès de la reproduction, notamment la phase après expulsion des glochidies des branchies (phase durant laquelle les juvéniles survivent dans le substrat). Pour cela, il faudrait évaluer le colmatage des substrats, et dans les secteurs favorables, extraire 10 à 15 cm de sédiments pour voir si on y observe des individus adultes.

L'observation en 2012 de deux individus sur un secteur de rivière fortement impacté par plusieurs vidanges ayant entrainées un important colmatage des milieux, indique que par le passé l'ensemble du cours principal de la Haute Dronne était colonisé par cette espèce. Les vidanges de plan d'eau, l'ouverture non contrôlé des vannes des seuils de moulins ont entrainé des colmatages temporaires de linéaires parfois important sur lesquels des individus adultes étaient présents.

Concernant l'évolution de la population depuis 2003, aucune mortalité importante n'a été observée. Quelques coquilles vident peuvent être observés sur les plages naturelles de dépôts, mais elles n'excèdent pas quelques individus. Cet inventaire a permis d’illustrer localement que les Moules perlières ne survivent pas dans les importants stocks sédimentaires situés en amont des ouvrages. Ces secteurs sont également des mouroirs pour les individus adultes qui sont parfois arrachés lors des crues puis déposés dans les secteurs plus calmes que sont les seuils de moulins et les barrages de plan d’eau.

Malgré l’absence d’inventaires réalisés dans le substrat (recherche des individus ayant moins de 5-7 ans), on peut considérer que la population en l’état actuel n’est pas viable. En effet, le recrutement actuel est trop faible : seulement une centaine d’individus (<1%) entre 7 et 20 ans ont été observés (< 7cm). Or, selon la littérature, il faudrait que les juvéniles représentent 20% de la population totale. En outre, la population est d’âge assez avancé. En effet, sur la Haute Dronne, la majorité des Mulettes ont entre 60 et 80 ans.

Si on compare avec d'autres populations européennes proches (Irlande, Royaume Uni, Allemagne), on peut estimer l'espérance de vie de la Moule perlière entre 80 et 100 ans. Il ne resterait donc que de 20 à 40 ans pour inverser la tendance et permettre un maintien de cette espèce sur la Haute Dronne.

Il est donc urgent d’agir sur la Dronne pour restaurer l’habitat et garantir la survie de cette espèce.

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